Note d'intention de Pascal Schopfer:
Voilà maintenant 16 ans qu’avec Daniel Perrin, Gérald Perera, Luigi Galati et Ignacio Lamas, nous faisons chanter les gens lors du rendez-vous annuel de Chansons en C(h)oeur organisé par le Centre d’Animation de la Cité. Nous avons souvent fait des thèmes pour cet événement et en 2016, Nougaro était à l’honneur puisque nous lui avons consacré la moitié de notre répertoire.
A la suite de cet exercice est née en moi une immense envie de profiter de cette amitié tissée au fil des ans, de cette complicité qui nous réunit, pour cette fois non pas faire chanter les gens avec nous, mais que ce joyeux équipage me fasse chanter moi.
Car outre l’exercice de Chansons en chœur, je fais partie, depuis le même nombre d’années, de l’Orchestre Jaune.
C’est ces musiciens formidables et l’ensemble de cet orchestre qui m’ont fait découvrir le chanteur qui sommeillait en moi. Ils l’ont bien réveillé…
Je suis allé à la pêche aux chansons pour me créer un petit répertoire de Claude Nougaro. Chercher des titres qui me parlent, qui me touchent, qui me correspondent, et en profiter pour faire découvrir au grand public un répertoire qu’il ne connait pas ou peu. Prendre un chemin de traverse sur l’œuvre de Nougaro. L’envie première était le chant. L’envie d’écrire est venue ensuite.
Je me suis senti comme poussé par Nougaro, par ses chansons, par sa plume et je me suis laissé aller à quelques textes qui feront office de transition entre les chansons. Un fil rouge qui a comme seule ambition de découvrir, redécouvrir et faire revivre pour un instant un chanteur, une belle âme, dans une petite traversée Nougaresque et de me laisser rêver un peu comme un poète.
Des anecdotes, des morceaux de vies, de la sienne, de la nôtre, à travers les chansons choisies. Parler de nous, parler de lui, parler du monde, parler de la vie. Retranscrire les émotions de ses chansons.
J’ai l’impression que chacune des chansons de Nougaro est un morceau de son intime. (Comme beaucoup de chanteurs et de chanteuses d’ailleurs).
Claude Nougaro m’est apparu comme un évidence, il me correspond bien,
son timbre de voix s’accorde avec le mien, sa tessiture est au diapason avec la mienne, et ce n’est pas la première fois que je le chanterai puisque j’en ai déjà profité un peu avec cette joyeuse bande de musiciens.
Nous allons partager un peu de Nous avec lui là-haut.
Nougaro s’est invité à moi, j’aimerais le (re)présenter à vous.
Intention de note, de Pascal Schopfer:
Mon Claude, mon nougat sucré enrobé de chocolat, les mots au vent, ta verve au temps.
Poète chantant aux mille éclats de voix, petit taureau souriant au milieu de la corrida.
Traverseur d’émotions, passeur d’histoires, Phoenix flamboyant, c’est sur tes cendres que je souffle ce soir pour allumer encore le feu de ton histoire, pour rallumer la braise de tes histoires.
Je te donne ma voix et j’emprunte tes chansons, sans fadaises et sans fard je m’embarque sur ton horizon, avec à mes côtés cet équipage de musiciens rigolos, d’amis au cœur plein, d’amis au cœur gros de te savoir si loin, de te savoir là-haut.
Ce soir je me fais singe savon, je me glisse sous tes pas, je me lisse sous ton Toi, dans les mots de ta voix.
Nous allons tous les cinq, comme les doigts d’une main, te serrer contre nous, t’étreindre et presser tout l’amour qui coule de tes textes enchantés. Je serai ton homme-chanteur. Et on sera tes musiciens.
Au paradis des sacs de charbon ardent, on va se coucher et attendre patiemment de se laisser réveiller par tes chansons-opéra qui résonnent encore chaudes à ton corps devenu froid.
Vous allez vous laisser manger par son fantôme nu, se laisser marcher dessus par les pieds saisissants écrits par sa main. Vous marcherez sur les traces des chemins peu étroits qu’il nous a laissées derrière le drapé blanc de son au-delà, vers l’infini… et au-delà…
Textes de Pascal Schopfer:
Quatrains pour les enfants
Par ta blondeur cuivrée et tes yeux d’innocence
Pour mes yeux chavirés par ton incandescence
Ma fleur des doux matins tu fais trembler mon lit
Du pipi des lendemains dont ton lange est rempli
Ta finesse ta longueur n’ont de cesse de croître
Toi aussi petite fleur mon grand homme bellâtre
Sous ta coquille de fer se cache un beau poussin
Il t’attend l’univers envole toi vers demain
Le souffle son
J’ai le souffle lent et j’ai le souffle court
J’ai le souffle son mais j’ai de l’asthme autour
Mon souffle qui prend ses jambes à mon court…
Jusqu’au jardin devant d’Eden et de l’amour
A bout de bras debout
Du bas en haut j’ai mis les bouts
De l’âme à l’asthme toute une smala
Tout un fantasme qui va de soi
Je respire et je vis et mes poumons se gonflent
Je m’baudruche sans ennui de nez bouché qui ronfle
Tout un souffle éclairé et voilà que j’aspire
Un air à s’essouffler Tu chantes comme je respire ?
Une ronde bleutée et un truc à casaque
Te voilà expiré de ce monde patraque
Je vais prendre un grand bol de cet air lancinant
Et te laisser l’envol du taureau rugissant
Toi si grand mon petit repose toi en paix
La vie n’a pas fini de danser sur tes pieds
Les envies
« Les envies ça se balance, ça s’échange, ça s’envoie, ça s’octroie, ça se sent, ça ceci, ça cela,
ça s’assouvit, ça se mélange des fois.
Les envies qu’on a ou qu’on a pas, les petits soucis, les gros tracas.
Les envies ça vient.
Les envies ça va.
Les envies parfois… des envies de rien…
Les envies des envieux, les vieux et leurs envies
Les envies de jeunesse, les envies qu’on oublie
Les envies qui poussent, qui tirent, qui attirent
Les envies qui séparent et celles qui réunissent
Des envies sur le tard au goût de la réglisse
Des envies pas trop tard lorsqu’elles resurgissent
Les envies qu’on attend, celles qui nous désespèrent
Ou nous poussent en avant, des envies de te plaire
Des envies simples, des envies doubles, quitte ou double
Des petites envies qui se dédoublent, qui nous troublent
Je suis. Envie. Je suis en vie. Envie
(Des envies qui cartonnent des envies qui décollent
Et puis celles qui recollent les petits morceaux cassés de la franche gaudriole qu’on aurait oublié)
L’envie quand elle est là faut pas laisser passer
L’envie quand elle est là pourquoi s’en priver ?
Les envies ça se partage, les envies ça démange
Pour l’envie y a pas d’âge mais parfois ça dérange
Quand on a pas les mêmes ou quand on a pas le temps
Ou quand elles nous promènent dans notre vie d’avant
Des envies irascibles, des envies de mouvement
Dont on est pris pour cible quand c’est pas le moment ?
Des envies créatrices, des envies cicatrices
Surprise inattendue, tu la sens bien l’envie quand elle sort de ton… ventre.
On sait pas d’où elle vient ni pourquoi elle s’en va
Mais mon Dieu comme c’est triste quand elle n’est plus là
Qu’on me donne Johnny
L’envie d’avoir envie. »
PRESSE
Un autre disque a retenu toute mon attention ces dernières semaines et là il me faut remercier Gilles, fidèle ami de l’Est (et du leste ?) pour me l’avoir fait découvrir.
Il a été enregistré en mai 2020 par le groupe de Lausanne « Nous & Nougaro » La genèse de cet album est particulièrement intéressante.
Au départ, le chanteur du groupe, Pascal Schopfer était acteur mais il est devenu aussi chanteur et, avec des amis musiciens, ils assuraient en la bonne ville de Lausanne l’animation musicale d’une grande fête de la chanson intitulée « Chansons en C(h)oeur » réunissant au pied de la cathédrale une foule en liesse dans une sorte de chorale géante. Après avoir chanté Nino Ferrer et les Beatles (il y a pire !), Pascal et ses amis ont exploré le répertoire de Claude et ont fini par créer sur scène en 2019 un spectacle intitulé « Des tours autour de Nougaro » qu’ils ont malheureusement dû interrompre l’année suivante pour les raisons que vous connaissez, mais ils avaient matière à enregistrer un disque.
C’est celui que j’ai entre les oreilles. On peut y entendre 14 chansons de Claude, avec bien sûr L’Île de Ré, Cécile ma fille et Le coq et la pendule, mais aussi des chansons moins connues du grand public, telles que Mademoisellejenencroispasmesyeux, Odette, Les petits bruns et les grands blonds et Sa maison .
Pascal se risque même à reprendre A bout de souffle et je dois reconnaître qu’il s’en sort pas mal, il faut dire aussi qu’il est soutenu par le tempo impeccable de ses amis musiciens, en premier lieu le pianiste Daniel Perrin, responsable également des arrangements, avec aussi à la batterie Luigi Galati, Gérald Perera à la contrebasse et Julien Revilloud à la guitare.
Il y aussi quelques « souffleurs » : Jean-Samuel Racine aux anches, Zacharie Ksyk à la trompette et William Jacquemet au trombone. On les entend par exemple dans A bout de souffle esquisser quelques mesures de Armstrong au moment où « Deux ou trois jazzmen faisaient le bœuf ».
Pascal ne cherche pas à imiter Claude mais reprend les chansons avec sa sensibilité personnelle et beaucoup de force expressive.
La reprise de Je suis sous est particulièrement amusante et j’aime aussi la longue introduction à la basse pour La pluie fait des claquettes.
Pascal reconnaît humblement qu’il ne se sentait pas de taille à reprendre de grands textes de Claude tels que Plume d’ange, c’est pourquoi, dans le spectacle, il présente les chansons avec de petits textes de sa composition. On en trouve trois sur le disque, par exemple Fleur des doux matins pour présenter Cécile ma fille et le Souffle son avant A bout de souffle.
Je vous donne un lien pour faire un peu connaissance avec Pascal. Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi voir le spectacle entier sur YouTube.
Des Tours autour de Nougaro - YouTube
C’est toujours un grand plaisir de constater que les chansons de Claude restent appréciées, notamment des jeunes générations et aussi en dehors des frontières de notre hexagone et nous ne pouvons que remercier celles et ceux qui contribuent à le célébrer avec un grand talent.
Il faut espérer que les spectacles pourront reprendre dans un avenir assez proche car je suis persuadé qu’un certain nombre d’entre vous nous réservent aussi quelques surprises.
Raymond Lernould, Association Claude Nougaro